雨傘革命
Hong Kong, 27 septembre 2014.
À peine 7h du matin et déjà 29°C. Le ciel est dégagé, pleinement ensoleillé, pourtant j’emporte avec moi mon parapluie. Nous sommes samedi et je me dirige vers Civic Square. Dans les rues de l’ancienne colonie britannique, je ne suis pas seule. Nombreux sont mes concitoyens qui, d’un pas décidé, convergent vers le siège du gouvernement.
Il y a tout juste quelques jours, ils étaient quelques centaines d’étudiants ; aujourd’hui, nous sommes des milliers à manifester. Ce n’est évidemment pas du goût de l’exécutif qui déploie des cordons de police pour tenter de nous contenir. Je suis à présent au milieu d’une foule dense, et de là où je suis, j’ai du mal à avoir une vue d’ensemble. Je perçois seulement mon environnement proche. Tout n’est qu’ondes sonores ; des slogans qui me parviennent, se croisent et s’entremêlent comme des vagues se brisant sur la grève. Tout n’est que tension, palpable, qui lie nos corps, mus comme un seul être.
Quand tout à coup, devant moi, des parapluies se déploient ; et je me surprends à ouvrir le mien dans un réflexe mimétique. Ils s’arc-boutent et se renversent, tels des milliers de boucliers paraboliques. Au même instant, un écran de fumée se forme et nous englobe. Du gaz au poivre, pour nous disperser. Mais nous tenons bon. Certains renvoient les lacrymos à l’expéditeur, d’autres les aspergent d’eau, et après quelques heures — ou était-ce quelques minutes ? — les fumigènes cessent de pleuvoir.
Flottement. Je ne comprends pas bien ce qui se passe, j’interroge devant moi et l’on me dit que les policiers déroulent des banderoles sur lesquelles est écrit « 散開否則我們開火 / Disperse or we fire ». L’atmosphère se fait pesante. Je vois quelques manifestants s’extraire de la foule, mais la grande majorité reste. Moi je reste. Ma décision est prise. L’enjeu est trop important. Je suis prête à payer le prix de la démocratie.
“Ordalic behavior” par David Revoy, CC By-NC-ND